Communiqué de Presse

« Comme on l'a vu, les premières peintures devaient être réalisées sans la qualité d'un sujet peintre, et se constituer autant que possible dans la neutralité. Les premières peintures étaient des empreintes, non celle de sainte Véronique, mais celle fossile de traces d'objets avec la particularité à être réservoir comme la tôle ondulée, spongieuse comme la mousse, et absorbant ou prégnant comme le tissu lui-même. C'est ce qui est le contenu même des techniques de la gravure, j'aurais dû y penser. Comme l'on sait, la gravure est très encombrée par une iconographie et ne présente sa qualité que dans le respect de la tradition iconographique, à savoir le pouvoir de communication et d'expressivité rapide. La gravure est certainement l'activité où, si l'artiste veut dire quelque chose, il lui faudra beaucoup de concision et un sens extrême des raccourcis. Je puis dire que j'ai appris à peindre en faisant de la gravure et à renouveler un matériel iconographique contenu dans l'image (dans son sens Gelstat Théorie ? qu'aurait été un Velasquez graveur ou un Descartes musicien ?). » Monkey Business, Jean-Pierre Pincemin, Éditions L'Act Mem, 2001


               

La galerie Catherine Putman est heureuse de présenter pour la première fois une exposition de Jean-Pierre Pincemin réunissant un bel ensemble de gravures, ainsi que quelques oeuvres uniques sur toile ou sur papier.


Pour Pincemin, la gravure - comme la peinture et la sculpture - relève de l'expérimentation et ne se laisse pas enfermer dans la technique. Ainsi c'est une multitude de procédés qui seront utilisés, inventés et développés par l'artiste, dans différents ateliers, en collaboration avec des imprimeurs comme Pasnic ou Piero Crommelynck.


Pincemin pratique régulièrement la gravure depuis 1985, ses premières estampes datent de la toute fin des années 70. « C'est en 1979, grâce à la bonne rencontre de Jacques Putman, et à son intention d'éditer ce qui sera un jour mes gravures, que la chose entra dans ma vie. »[1] Les Putman éditent des gravures, parfois en collaboration avec Marie-Hélène Montenay. Dans les années 80, l'artiste travaille à l'atelier Pasnic, la pointe-sèche sur plexiglass et de grands bois gravés au marteau-piqueur et réhaussés. À cette période, sa femme Françoise Pincemin imprime aussi nombre de gravures dans son atelier à Authon-la-Plaine. Une importante collaboration s'établit ensuite avec l'atelier Piero Crommelynck qui tire de belles aquatintes au sucre, en noir et blanc, parfois en couleur, notamment grâce à l'introduction des papiers collés.

Son approche de la gravure peut évoquer les principes de Supports/Surfaces, mouvement artistique auquel il participe dans les années 70, et notamment celui de l'empreinte, caractéristique de ses premières oeuvres, et essence même de la gravure. Il l'utilisera de manière brute dans de grandes estampes dont l'exposition présente un bel exemple avec Empreintes, 1992, 160 x 120 cm (cat. 192). À l'aide de différentes matrices, il n'hésite pas non plus à « corriger » les tirages, donnant ainsi une autre dimension, une idée même de variations, aux gravures. « Les gravures mal tirées, je les corrige avec du blanc, genre peinture pour machine à écrire, ou du noir. »[2]


Le travail de la gravure a participé de l'évolution de son style pictural, de son ouverture à la figuration, du développement de son champ iconographique.


Jean-Pierre Pincemin est peintre, sculpteur et graveur. De la période Supports/Surfaces, sa peinture du début des années 80 conserve le sens de la composition géométrique, l'agencement de l'espace - en bande, en carré, mais avec une matière picturale plus « classique » - et une sophistication de la matière peinte et des couleurs subtiles, le tableau de 195x154 cm présenté à la galerie et son agencement caractéristique de bandes verticales en trois couleurs en est le parfait exemple. En 1986, la Galerie de France présente l'exposition L'Année de l'Inde, dans laquelle ses oeuvres figurent animaux, végétaux et autres motifs floraux. Après 1986, gravure et peinture tournent autour d'une grande variété iconographique qui fait la part belle aux bêtes et s'amuse de la réinterprétation de certains sujets classiques ou religieux, non sans un certain humour, comme les danses macabres.


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JEAN-PIERRE PINCEMIN (1944-2005)


Né à Paris en 1944, Jean-Pierre Pincemin est ouvrier-tourneur, découvre la peinture lors de visites au Louvre et dans les galeries et devient artiste dans les années 60, encouragé par le galeriste Jean Fournier. Il réalise alors des sculptures par assemblage de bois de récupération.

Dans les années 70, il participe brièvement au mouvement Supports/Surfaces qui remet en question la peinture traditionnelle et ses outils et matériaux : châssis, peinture, toile etc. Il découpe, colle, teint, utilise planches, tôles, grillages ou carrés de toile trempés dans la peinture (série de peintures Les Palissades et Les Portails).


1973 - Série de peintures Les Échelles : bandes orthogonales imprégnées, collées, cousues.


1974 - Série de peintures Les Palissades :toiles monumentales de construction architecturale.


Puis Pincemin se détourne des débats politico-artistiques de Supports/Surfaces et regarde vers l?expressionisme abstrait et le minimalisme américain. Il s?intéresse à la matérialité de la peinture, aux traces des procédés techniques. Il retrouve avec joie pinceaux et châssiset réalise des peintures à grandes bandes verticales dans lesquelles il allie chromatisme sophistiqué et rigueur de la construction.


1978-79 - Découverte de la pratique de la gravure qui influence celle de la peinture.
Il s'installe à Authon-la-Plaine, dans l'Essonne.


1981-1987 - Il est professeur à l'École des beaux-arts de Poitiers. Série de peintures Les Pleureuses. Reconnaissance internationale.


1986 - Série de peintures L'Année de l'Inde, apparition de figures colorées sur la toile. Puis des figures végétales et animales apparaissent dans ses gravures.


1987 - Il devient professeur à l'École des beaux-arts d'Angers. Commandes publiques : ministère des Finances, Tour de la Lanterne à La Rochelle, stade Charléty


1987-88 - Série des Demoiselles d'Avignon, sculptures en plaquettes de bois peint récupéré, sur armature en métal.


1988-89 - Il s'installe à Sens, au Moulin du Roy.


1992 - Sculptures en mousse et pâte à modeler.


1994 - Série de peintures La Dérive des continents.


1995-1996 - Séries de peintures Chasse au tigre, Chasse à l?ours, Saint Georges terrassant le dragon.


1998- Série de peintures Les Amants séparés :petites toiles d'inspiration extrême-orientale. Design : tables, sièges, céramique. Il est ambassadeur de l'Association française de l'action artistique à l'étranger.


2001 - Il s'installe à Arcueil, en banlieue parisienne.


2002 - Série de peintures Arbres de la connaissance et Arbres au tombeau.


2003 - Il débute la série des dernières peintures abstraites, retour à une nouvelle abstraction.


2005 - Jean-Pierre Pincemin meurt subitement dans son atelier à Arcueil.


SÉLECTIONS D'EXPOSITIONS


2019 : Pincemin, les variations de Jean-Pierre, Musée Stéphane Mallarmé, Vulaines-sur-Seine


2016 : Jean-Pierre Pincemin : Je l?écris pour vous le dire, Orangerie des musées, Sens


2010 : Musée d'art moderne, Céret
La Piscine  Musée d'art et d'industrie, Roubaix
Musée des beaux-arts, Angers

2008 : Centre d'Art de l'Yonne, Château de Tanlay


2007 : Musée de l'Hospice Saint-Roch, Issoudun


2001 : Musée Roger-Quillot, Clermont-Ferrand


2000 : One-man-show de sculptures à la FIAC Paris, stand Oniris


1999 : Musée de Liège, Belgique
Musée d'Auxerre
Musée de Poitiers
Musée de Taïwan


1998 : Musée des beaux-arts, Chambéry
Musée des beaux-arts, Évreux


1994 : Musée de Mons, Belgique
Centre d'art contemporain, Orléans


1986 : J.P. Pincemin, 68-86 Centre d'art contemporain, Orléans


1984 : Musée d'art moderne, Liège, Belgique


1983 : Institut culturel français, Vienne, Autriche


1976 : Peintures avril-juillet 1976, A.R.C. 2, Musée d'art moderne de la Ville de Paris


1975 : Rétrospective, Musée Saint-Paul-de-Vence





[1] In La Dérive des continents, 1994




[2] In Jean-Pierre Pincemin, Gravures 1971-1997, Musée de la Cohue Somogy



Jean-Pierre Pincemin

Je puis dire que j'ai appris à peindre en faisant de la gravure (...)

19 Novembre 2022 - 7 Janvier 2023

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