PRESS RELEASE

Sophie Ristelhueber s'engage, au début des années 80, dans une oeuvre exigeante qui éprouve les conditions dans lesquelles le monde se donne à voir et à lire. Avec les moyens de la photographie, de l'installation et de l'édition, elle construit des formes capables de ressaisir la réalité.


Son travail s'attache aux cicatrices et aux stigmates du paysage, traces des interventions humaines, des guerres ou des bouleversements naturels. Ce que l'artiste accomplit n'a pas vocation de s'inscrire dans le contexte - fortuit, éphémère - du reportage. Elle interroge les confins de la fiction et de la réalité, parcourt les marges, se livre à une manière d'archéologie des indices, elle se fond, muette, dans le monde perceptible et audible.


La galerie Catherine Putman présente une sélection de travaux de Sophie Ristelhueber : de Beyrouth, photographies, 1984, oeuvre fondatrice de son travail, à des réalisations récentes comme Stitches, 2005, ensemble de onze photographies et Le Chardon, film réalisé en 2007.


Beyrouth, photographies, 1984
Beyrouth : synonyme de guerre civile. C'est en novembre et décembre 1982, suite aux événements violents de l'été qui ont ravagé la ville, que Sophie Ristelhueber se rend au Liban. Son projet : photographier l'architecture moderne en ruine. Elle arpente la ville pendant deux mois cherchant les traces laissées par la violence des faits, des empreintes d'une réalité révolue, devenue plus tangible dans son absence que dans les relevés documentaires des événements qui s'y sont produits. Elle exclut volontairement toute présence humaine. Pas d'histoire, pas d'attribution, pas de conclusion, pas de sensationnel. Le projet de Beyrouth est de témoigner du conflit moderne à travers des éléments formels, sans en montrer les scènes attendues.


Stitches, 2005
Stitches (littéralement : points, sutures) : onze photographies en noir et blanc qu'elle a réalisées en 2003 et 2004, en Cisjordanie, alors qu'elle travaillait sur son projet WB  (2005).


Sans perspective, ni ligne d'horizon, elle a cadré le sol que l'on voit en gros plan, la terre donc, enjeu essentiel d'un des conflits majeurs de ce siècle. À ces images sont associés des mots récurrents dans les discours de Bush, brodés au point de croix sur des canevas encadrés sous verre. « Our enemies », « their allies », « our war » affichent ici la vacuité d'une langue de bois dont les slogans « décousus » ne sont plus que des motifs qui finissent par décorer les murs.


Le Chardon, 2007 :
Sophie Ristelhueber, au coeur du parc du Vercors, suit au plus près la matière des roches noires d'une gorge et celle d'une route rapiécée. La voix de Michel Piccoli accompagne le film, lisant un récit de Léon Tolstoï : un vieil homme se souvient de la vitalité et de la résistance de la nature face aux destrutions.


Sophie Ristelhueber, née le 21 octobre 1949, vit et travaille à Paris.

Sophie Ristelhueber

A visée constante 1987 - 2007

February 2 - March 22, 2008

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